L’overthinking, ou sur-pensée en français, est un phénomène pschologique qui touche particulièrement les femmes. Zoom sur cet envahissement de l’esprit par des pensées anxieuses, obsédantes, qui empoisonnent la vie.

Introduction

Tous s’accordent sur un point : les femmes sont plus sujettes que les hommes à penser trop, à ruminer sans fin sur toutes sortes de sujets, allant de leur apparence à leur carrière en passant par leur couple ou leur santé.

Baptisé overthinking par les psys américains, ce syndrome se manifeste par un flot continu de pensées et d’émotions négatives, qui tournent en boucle dans l’esprit sans que l’on puisse les arrêter. Un phénomène épuisant, qui finit par altérer durablement l’humeur, la motivation, les relations sociales et même, la santé physique.

Si tout le monde est susceptible de tomber dans le piège de la rumination mentale, ce sont bel et bien les femmes, et plus particulièrement les femmes anxieuses, qui en sont les principales victimes. Leur sensibilité exacerbée les pousse à ressasser le moindre problème, à sur-analyser chaque détail, chaque jour…

Résultat : elles se retrouvent prisonnières d’un cercle vicieux de pensées et d’émotions négatives, impossible à briser. Une spirale infernale qui finit par les épuiser, et empoisonner leur existence.

Explications, témoignages à l’appui et conseils de psys : décryptage d’un mal du siècle, qui ronge trop de femmes dans l’ombre.

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Overthinking : de quoi parle-t-on exactement ?

Définition

Le terme overthinking peut se traduire en français par sur-pensée. Il désigne, selon la définition de Susan Nolen-Hoeksema, professeure de psychologie à l’université de Yale et pionnière dans la recherche sur ce trouble, la propension à examiner de façon excessive, répétitive et incontrôlable ses pensées et sentiments négatifs.

En d’autres termes, l’overthinking correspond à une rumination mentale : l’esprit ressasse certaines idées, certains affects désagréables, de façon obsessionnelle, sans parvenir à s’en détacher.

Ces pensées parasites tournent en boucle, envahissent l’esprit et finissent par le court-circuiter complètement. Impossible dès lors de raisonner sereinement, ou simplement de profiter du moment présent.

Les différentes formes d’overthinking

Tou·te·s les overthinkers ne sont pas égaux. Selon Susan Nolen-Hoeksema, il existe trois grands types de rumination mentale :

  • L’overthinking agressif : celui-ci amène la personne à ressasser en boucle les torts dont elle s’estime victime, à ruminer sa frustration, son sentiment d’injustice vis-à-vis d’autrui.
  • L’overthinking autonome : il s’agit là de se faire des nœuds au cerveau toute seule, de générer ses propres soucis en imaginant des scénarios catastrophes.
  • L’overthinking chaotique : toutes les inquiétudes surgissement en vrac, de façon désordonnée et incontrôlable. Les pensées négatives s’enchaînent sans queue ni tête.
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Ces différentes formes de rumination mentale sont d’ailleurs souvent cumulées chez les personnes souffrant d’overthinking chronique.

Quels sont les signes qui doivent alerter ?

Plusieurs indicateurs permettent de détecter si l’on est soi-même victime d’overthinking. D’après le test mis au point par Susan Nolen-Hoeksema, il faut s’inquiéter si l’on répond souvent ou toujours à plusieurs des affirmations suivantes :

  • Lorsque j’éprouve une contrariété, j’ai du mal à penser à autre chose
  • Quand quelque chose me tracasse, j’en ai pour des heures à tourner et retourner ce problème dans ma tête
  • Quand je suis contrariée, je tends à exagérer l’importance de la situation
  • Quand je suis triste, anxieuse ou en colère, je ne parviens pas à m’ôter le problème de l’esprit
  • Quand je suis déprimée, je tends à ruminer tout ce qui ne va pas dans ma vie
  • Quand je suis contrariée, je m’attarde sur mes déboires et mes erreurs passées
  • Quand j’éprouve une contrariété, cette dernière monopolise mes pensées pendant très longtemps

Si vous vous reconnaissez dans la plupart de ces symptômes, il est probable que vous souffriez, vous aussi, d’overthinking. Et il est urgent d’y remédier !

woman praying while leaning against brick wall

Overthinking au féminin : pourquoi cela touche-t-il plus les femmes ?

L’overthinking, ou rumination mentale, n’épargne personne : homme ou femmes sont susceptibles d’en pâtir. Néanmoins, toutes les études s’accordent sur un point : ce trouble psychologique touche beaucoup plus les femmes que les hommes. D’après Susan Nolen-Hoeksema, elles y seraient deux fois plus enclines.

La sensibilité féminine en cause

Cette immense propension féminine à penser trop s’explique avant tout par une sensibilité exacerbée. En effet, la psychologie féminine se caractérise par une plus grande réceptivité aux émotions, qu’elles soient positives ou négatives. Or, l’overthinking trouve précisément sa source dans les affects désagréables, comme l’anxiété, la frustration, la colère, la tristesse…

Autrement dit, cette sensibilité typiquement féminine fait des femmes une cible de choix pour le fléau de la rumination mentale. Au moindre problème, au moindre grain de sable dans leur vie sentimentale ou leur carrière, c’est l’overthinking assuré !

Cerise sur le gâteau : l’estime de soi des femmes se révèle également plus fragile que celle des hommes. Dès lors, le moindre reproche, la moindre critique les affecte et les fait douter d’elles-mêmes. Là encore, terreau idéal pour nourrir les pensées anxieuses et les scénarios catastrophes.

Bref, toutes les caractéristiques de la psychologie féminine concourent à faciliter le développement de l’overthinking.

Le poids des injonctions sociétales

Certes, les femmes sont biologiquement plus sensibles, émotives et fragiles que les hommes. Néanmoins, cela n’explique pas tout. D’après Susan Nolen-Hoeksema, les stéréotypes et injonctions liés au genre jouent également un rôle prépondérant.

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Ainsi, dès leur plus jeune âge, on attend des petites filles qu’elles soient gentilles, attentionnées, soucieuses du regard et du bien-être d’autrui. Tout le contraire des garçons, que l’on éduque à l’autonomie et à l’affirmation de soi.

Résultat : arrivées à l’âge adulte, ces attentes sociales pèsent lourdement sur les épaules des femmes. Elles se sentent tenues d’être de parfaites mères et épouses, aimantes et dévouées, tout en menant de front une carrière brillante.

Face à cet idéal intenable, à ce dédale d’obligations contradictoires, pas étonnant que nombre d’entre elles sombrent dans le surmenage et… l’overthinking.

Les ravages de l’overthinking au quotidien

Inutile de tergiverser plus longtemps : oui, l’overthinking est un véritable fléau. Ses conséquences sur la qualité de vie sont désastreuses. Petit aperçu des dégâts collatéraux.

La dépression, principal risque à long terme

A court terme déjà, l’overthinking génère son lot de désagréments : fatigue chronique, irritabilité, troubles du sommeil, crises d’angoisses… Rien de très folichon.

Néanmoins, c’est à long terme que les dégâts de la rumination mentale se révèlent vraiment problématiques. En effet, l’overthinking massif et chronique constitue l’un des principaux facteurs de risque de la dépression.

Le cercle vicieux de pensées négatives, en abaissant durablement le moral, finit le plus souvent par conduire à cette pathologie. A tel point que chez les femmes, l’overthinking expliquerait à lui seul près d’un épisode dépressif sur deux !

Autrement dit, si vous laissez vos ruminations mentales déraper, la déprime guette. Même si, bien sûr, tous les overthinkers ne deviennent pas dépressifs.

Des relations sociales mises à mal

Outre le danger d’une dépression, l’overthinking massif nuit également aux relations sociales… et donc à la vie privée. En effet, ruminer sans cesse finit par altérer durablement l’humeur.

Résultat : l’overthinker devient renfermée sur elle-même, irritable, moins encline à communiquer ou à se livrer aux autres. Forcément, quand on a l’esprit obsédé par ses problèmes et ses pensées noires, difficile de s’intéresser à son conjoint ou à ses amis…

Pire encore : les scénarios catastrophe que l’overthinker imagine dans sa tête finissent même par détériorer ses relations. A force de se faire des films, de sur-interpréter les paroles et actes d’autrui, les incompréhensions et tensions relationnelles se multiplient. Jusqu’à ce que les proches, excédés par ce comportement parano, tournent les talons.

Bref, à trop ruminer sur votre couple, votre famille, vos amis ou vos collègues, vous risquez bel et bien de tout faire capoter. Le serpent qui se mort la queue…

Des répercussions professionnelles

Enfin, dernière conséquence néfaste de l’overthinking : des dégâts sur le plan professionnel. Là encore, le perfectionnisme maladif de l’overthinker peut lui coûter cher. A force de ressasser la moindre de ses erreurs, elle finit par se démotiver, manquer de confiance en elle, et stagner dans sa carrière.

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Pire : son obsession à l’égard des sentiments de ses collègues ou supérieurs génère des malentendus et conflits qui nuisent à son intégration en entreprise. Jusqu’au burn out ou au licenciement, parfois.

Bref, qu’il s’agisse de votre équilibre mental, de vos relations sociales ou de votre réussite professionnelle, l’overthinking représente dans tous les domaines une menace à prendre au sérieux. Sous peine de lourdes conséquences sur votre qualité de vie.

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Overthinking : comment en sortir ?

L’overthinking touche particulièrement les femmes à fleur de peau, sujettes à l’anxiété. Pourtant, il est possible de s’extraire de cette spirale infernale de pensées obsédantes, à condition d’adopter les bonnes stratégies. Petit guide de survie à l’usage des overthinkers repentis.

Des solutions de court terme pour stopper net la crise de rumination

Lorsque vos pensées angoissantes partent dans tous les sens, que votre cerveau est en ébullition, que l’overthinking bat son plein, il est possible de stopper net cette crise de rumination. Du moins temporairement.

Pour ce faire, appliquez les conseils suivants :

  • Changez immédiatement de decor, d’activité, d’interlocuteur… Bref, cassez votre routine pour changer votre focal.
  • Pratiquez une activité prenante qui accapare toute votre concentration et mobilise votre corps, comme le sport, la danse ou même le ménage.
  • Notez tout ce qui vous tracasse : cela permet de poser noir sur blanc vos pensées, et donc de les lâcher provisoirement.
  • Parlez de ce qui vous tourmente à un ami de confiance : verbaliser apaise.
  • Accordez-vous une petite récompense qui stimule vos sens et vos émotions positives (massage, expo, shopping…).

A défaut de résoudre le problème de fond, ces techniques permettent de faire une pause salutaire dans le flot de vos pensées parasites.

Changer en profondeur pour en finir durablement avec l’overthinking

Bien sûr, s’extirper ponctuellement de ses ruminations ne suffit pas : il faut aussi s’attaquer au mal à la racine. Autrement dit, opérer un changement en profondeur dans votre rapport à vous-même et au monde, afin de prévenir le phénomène à long terme.

Pour y parvenir, appliquez ces précieux conseils :

  • Commencez par identifier vos points faibles : quelles situations déclenchent immanquablement une crise d’overthinking ?
  • Une fois ces points faibles repérés, évitez au maximum les contextes à risque.
  • Relativisez davantage, accordez moins d’importance aux petits tracas et aux critiques.
  • Cessez de vouloir changer ou contrôler autrui : acceptez la différence.
  • Fixez-vous des objectifs réalistes, en phase avec vos aspirations