L’infidélité au sein du couple est un phénomène répandu qui affecte de nombreuses relations. D’après les études, entre 25% et 50% des individus auront au moins une aventure extra-conjugale au cours de leur vie. Si certains parviennent à surmonter cet écueil, pour beaucoup la découverte d’une tromperie signe un arrêt de mort du couple. Au-delà de la blessure immédiate, les conséquences psychologiques de l’infidélité peuvent en effet perdurer et affecter profondément les partenaires sur le long terme.

Je constate fréquemment les dégâts provoqués par l’infidélité dans les relations amoureuses. Cet article propose une analyse globale des répercussions psychologiques des tromperies, en distinguant les effets à court, moyen et long terme. J’aborderai également des questions telles que : quels facteurs influencent ces conséquences ? Peut-on se remettre d’une infidélité ? Quel est le rôle du psychologue dans l’accompagnement du couple face à ce trauma relationnel ? Mon objectif est d’apporter un éclairage le plus complet possible sur ce sujet douloureux, notamment pour aider les victimes à comprendre et surmonter leur souffrance.

Définition et formes de l’infidélité

Définition

On parle d’infidélité, d’adultère ou de tromperie lorsqu’un des partenaires d’un couple engagé dans une relation amoureuse exclusive a une liaison extra-conjugale, qu’elle soit de nature émotionnelle, romantique ou sexuelle. Concrètement, cela signifie qu’il partage une intimité interdite avec une autre personne, trahissant ainsi la confiance et les promesses de fidélité faites à son conjoint officiel.

Différents types d’infidélité

Bien que le sens commun associe souvent l’infidélité à l’acte sexuel, il existe en réalité différentes formes de tromperie:

  • L’infidélité émotionnelle : elle implique de développer une relation intime avec quelqu’un d’autre que son partenaire. Cela passe par partager ses pensées, ses sentiments profonds, ses secrets, ses rêves, ses peurs… Il s’agit de la base de l’intimité amoureuse. Certains parlent « d’adultère du cœur ».
  • L’infidélité physique ou sexuelle : elle consiste à avoir des relations sexuelles avec une autre personne que son conjoint. C’est la forme d’infidélité la plus évidente, mais pas forcément la plus blessante sur le plan psychologique.
  • L’infidélité en ligne : avec Internet, de nouvelles formes de tromperie virtuelle sont apparues. Elles impliquent des interactions sexy ou romantiques sur des sites de rencontre extraconjugale, des messageries, des réseaux sociaux, par webcam interposée…
  • La micro infidélité : il s’agit d’une série de petits écarts de conduite « innocents » qui, mis bout à bout, constituent une forme d’infidélité. Par exemple, liker régulièrement les photos séduisantes d’une autre personne que son partenaire, garder contact avec son ex, mentir sur son statut de célibataire…

Perception subjective

Il est difficile de définir de manière universelle les frontières de l’infidélité, celle-ci variant d’un couple à l’autre. Chacun place le curseur à un endroit différent sur l’échelle du permissible en fonction de ses valeurs, de sa culture, de son éducation, de ses insécurités…

Certains considèrent qu’embrasser quelqu’un d’autre est déjà intolérable, quand d’autres estiment qu’avoir des relations sexuelles hors du couple n’est pas répréhensible. D’où l’importance pour chaque partenaire de communiquer clairement sur ses limites afin d’éviter les incompréhensions. Une personne peut ainsi se sentir trahie alors même que son conjoint ne percevait pas son comportement comme déloyal.

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Conséquences psychologiques à court terme

Un choc émotionnel violent

Découvrir l’infidélité de son partenaire provoque un choc intense et dévastateur. Pour la personne trompée, c’est comme si le sol se dérobait brutalement sous ses pieds. Ses repères familiers s’effondrent, ses certitudes les plus profondes sont ébranlées. En une fraction de seconde, sa réalité s’écroule.

Outre la souffrance causée par la trahison elle-même, l’aspect soudain et inattendu de cette révélation accentue le caractère sidérant du trauma. Rien ne laissait présager un tel séisme affectif. D’où un sentiment profond de vulnérabilité : « si je n’ai rien vu venir, à quoi puis-je encore me fier ? ».

Les émotions ressenties

Suite à la découverte d’une infidélité, la personne trompée éprouve généralement un grand nombre d’émotions négatives, parmi lesquelles :

  • Colère
  • Tristesse
  • Confusion
  • Sentiment d’humiliation
  • Impression de s’être fait berner

Mais celle qui domine souvent est un immense sentiment de trahison. La blessure narcissique est à la hauteur de la confiance trahie. On se sent sali, dévalorisé, pas assez bien pour garder son partenaire. Le choc initial laisse ensuite place à toutes sortes de ruminations douloureuses : depuis combien de temps me trompait-il ? Combien de fois m’a-t-il menti ? Suis-je si peu désirable ? Ai-je fait quelque chose de mal ? etc.

Réactions du partenaire infidèle

Bien qu’à un degré moindre, l’auteur de l’infidélité traverse également un moment délicat lorsque celle-ci est dévoilée au grand jour, avec son lot de tensions émotionnelles :

  • Honte d’avoir blessé son conjoint et trahi sa confiance
  • Peur de le perdre ou de graves conséquences
  • Tristesse et culpabilité
  • Soulagement coupable que le secret soit éventé

Son processus psychique est néanmoins différent : alors que sa moitié subit le contrecoup du traumatisme, lui sort du déni et de la spirale du mensonge. Ses émotions négatives sont aussi atténuées par sa responsabilité dans cette situation.

Répercussions psychosomatiques

Outre la détresse morale, la révélation d’une infidélité provoque fréquemment des troubles physiques, en raison du fort taux de stress et d’anxiété :

  • Troubles du sommeil (insomnies, cauchemars)
  • Perte ou augmentation d’appétit
  • Douleurs abdominales, nausées
  • Crises de panique, tachycardie, oppression thoracique
  • Baisse d’énergie, fatigue chronique

Ces symptômes sont généralement transitoires, mais ils peuvent dans certains cas persister ou évoluer vers des troubles psychologiques plus sévères.

Conséquences à moyen terme : ambivalence et chaos

Phases de reconstruction chaotique

Passé le stade de sidération initiale, la personne trompée entre dans une phase de reconstruction psychique chaotique. Ses pensées et émotions deviennent ambivalentes, tiraillées entre des désirs contradictoires :

  • Vouloir des explications mais craindre d’apprendre des détails blessants
  • Aspirer à pardonner pour sauvegarder son couple mais ressentir une colère diffuse

C’est une phase émotionnellement coûteuse d’allers-retours, de doutes, de remises en question. Chaque nouvelle information est un coup de massue potentiel. La communication devient un exercice périlleux, sous haute tension.

Idéalisation du rival

Un autre processus fréquent est que la personne trompée commence à idéaliser l’amant ou la maîtresse de son conjoint. Inconsciemment, elle le ou la gratifie de tous les attributs qu’elle ne s’accorde pas à elle-même : plus bel homme, femme fatale, meilleur amant, plus drôle, intelligent, cultivé…

Ce mécanisme vise à supporter l’insupportable en se rabaissant soi-même. « Mon conjoint m’a trompé car mon rival est tellement exceptionnel… évidemment je ne fais pas le poids! ». Mais loin d’apaiser la souffrance, cette logique l’accentue en corrompant l’estime de soi.

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Renoncement ou combat ?

À ce stade, après des semaines ou des mois de chaos émotionnel, 3 options s’offrent principalement :

  1. Quitter son partenaire : les blessures sont trop profondes, la rancœur trop forte, le pardon impossible.
  2. Faire semblant d’oublier : on reste ensemble par confort, habitude ou peur de la rupture, mais la défiance mutuelle mine le couple.
  3. Se battre pour sauver son couple : c’est le choix le plus difficile mais aussi le plus constructif pour repartir sur des bases saines.

Conséquences psychologiques à long terme

Rupture du couple

Dans 50 à 70% des cas selon les études, la relationnel d’une infidélité conduit à la séparation du couple dans les mois ou les années qui suivent. Outre la perte de la relation, ce bouleversement entraîne d’importantes répercussions :

  • Déménagement, garde des enfants…
  • Bouleversement du quotidien
  • Stress financier
  • Regard des proches…

Sur le plan psychologique, le trauma de la rupture se superpose à celui de la tromperie. La personne quitte non seulement son conjoint mais aussi une partie d’elle-même. Son estime de soi en ressort souvent ébranlée pour de longues années.

Maintien du couple

Même lorsque le couple survit à l’infidélité, la découverte d’une tromperie laisse des séquelles psychologiques persistantes :

Perte de confiance et d’intimité

La confiance, socle d’un amour serein, est durablement entamée. On devient méfiant, soupçonneux, guettant le moindre indice suspect. La sexualité s’en ressent aussi.

Blessures narcissiques

Malgré les efforts, l’estime de soi met longtemps à s’en remettre. On se sent moins désirable, moins digne d’amour. La peur panique d’être à nouveau trompé parasite aussi les relations ultérieures.

Traumatismes et troubles psychologiques

Certains développent des syndromes de stress post-traumatique, avec reviviscences, cauchemars, troubles anxieux ou dépressifs. Des idées suicidaires peuvent même émerger. Le psychisme conserve des cicatrices indélébiles.

Facteurs influençant l’impact psychologique

Bien que dévastatrice pour la plupart des victimes, toutes les personnes trompées ne vivent pas l’infidélité de la même manière. Divers facteurs modulent l’intensité des répercussions psychologiques.

Facteurs aggravants

Certains éléments rendent la tromperie encore plus insoutenable :

  • Une liaison au lieu d’un simple égarement
  • La dissimulation persistance de l’infidélité
  • Des mensonges répétés
  • L’implication émotionnelle de l’amant/maîtresse
  • La connaissance personnelle du rival

Plus la trahison est profonde et durable, plus elle blesse. Le cumul de manquements sérieux anéantit la confiance, rendant toute réconciliation très ardue.

Facteurs de vulnérabilité personnelle

À situation égale, certaines caractéristiques disproportionnelles amplifient la détresse psychologique :

  • Fragilité narcissique
  • Faible estime de soi
  • Attachement anxieux (peur de l’abandon)
  • Antécédents de traumatismes
  • Troubles psychologiques préexistants (dépression, anxiété…)

Ces prédispositions rendent plus sensible au sentiment d’abandon induit par la tromperie. Avec une base psycho-affective plus fragile, le traumatisme déstabilise davantage.

L’influence du genre

Hommes et femmes ne réagissent globalement pas de la même façon. Les recherches indiquent que :

  • Les hommes craignent surtout l’infidélité sexuelle et éprouvent une vive colère
  • Les femmes redoutent davantage la trahison affective et présentent plus de symptômes dépressifs

Néanmoins, on observe une certaine homogénéisation des réponses entre les sexes, notamment chez les jeunes générations. Les réactions restent malgré tout très variables d’un individu à l’autre.

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Se remettre d’une infidélité, est-ce possible ?

Le pardon, pour quoi faire ?

Lorsqu’un partenaire a été infidèle, une question cruciale se pose : dois-je lui pardonner ? Avant de décider, il importe de examiner lucidement les tenants et aboutissants du pardon.

Le vrai pardon n’a rien à voir avec :

  • Oublier ou faire comme si de rien n’était
  • Accepter sans broncher par peur de la solitude
  • Cautionner ou banaliser la faute
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En revanche, pardonner signifie :

  • Reconnaître qui a été blessé profondément
  • Renoncer à se venger ou vouloir du mal à l’autre
  • Se libérer de la rancœur et du ressentiment
  • Donner une seconde chance en toute lucidité

Conditions préalables au pardon

Le pardon n’a de sens que si le partenaire infidèle :

  • Cesse définitivement sa relation extra-conjugale
  • Reconnaît sans faux-fuyants la gravité de sa tromperie
  • Exprime des regrets profonds et sincères
  • S’engage activement dans la reconstruction de la confiance

Faute de quoi, le pardon ne serait qu’un blanc-seing donné à de probables récidives…

Cheminer vers la résilience

Une fois le cap du pardon franchi, le couple doit patiemment rebâtir son unité. Au fil du temps, la confiance et l’intimité peuvent renaître grâce à :

  • Le respect des limites fixées
  • Des échanges authentiques et bienveillants
  • Des marques régulières d’attention
  • La valorisation mutuelle
  • La délicatesse dans la sexualité
  • L’ouverture à de nouveaux souvenirs communs

Soutenus par un accompagnement psychologique, beaucoup de couples parviennent ainsi à surmonter l’infidélité et à cultiver une relation plus sereine.

Rôle du psychologue dans l’accompagnement du couple

Pourquoi consulter ?

Il est vivement conseillé de consulter un psychologue ou un thérapeute de couple lorsque :

  • La souffrance émotionnelle perdure intensément
  • On envisage une séparation
  • On souhaite pardonner mais sans savoir comment s’y prendre
  • La relation reste durablement abîmée

L’aide d’un professionnel expérimenté s’avère précieuse pour traverser ce passage difficile et éviter les réactions excessives (addictions, violence, dépression…).

Les objectifs de l’accompagnement

Le psychologue poursuit plusieurs buts complémentaires :

  • Apaiser la détresse affective grâce à une écoute empathique et sans jugement
  • Désamorcer les pulsions agressives pour prévenir des actions extrêmes et irréparables
  • Aider à verbaliser ses ressentis pour désamorcer les tensions et composer avec ses émotions
  • Reconstruire les bases d’une relation saine en cultivant la bienveillance et le dialogue

Les étapes du travail thérapeutique

L’accompagnement psychologique comporte plusieurs phases :

  1. L’expression de la colère et de la souffrance dans un cadre contenant. Cette décharge émotionnelle est nécessaire.
  2. L’analyse des causes de l’infidélité sans blâmer ni justifier. Objectiver le contexte permet de comprendre.
  3. La responsabilisation de l’auteur de l’adultère. Reconnaître les faits est indispensable pour avancer.
  4. La verbalisation du traumatisme vécu. Mettre des mots aide à l’élaborer pour diminuer son emprise.
  5. Le travail autour du pardon, s’il est envisagé. On examine ensemble ses implications réelles.
  6. L’apprentissage d’outils de communication bienveillante pour restaurer l’harmonie.

La durée de la thérapie dépend de chaque situation particulière. Mais avec de la patience, elle porte presque toujours ses fruits !

En guise de conclusion

Nul ne contestera les effets dévastateurs que l’infidélité provoque chez la plupart de ceux qui la subissent. La blessure infligée à l’être aimé, mais aussi à soi-même et au couple, peut laisser des séquelles psychologiques durables.

Pour autant, aussi cruelle soit-elle, la trahison conjugale n’est pas une fatalité. Avec du temps et un accompagnement adéquat, nombreux sont ceux qui parviennent à dépasser ce trauma. Meurtris mais grandis, ils rebâtissent une relation où la confiance et le respect ont enfin toute leur place.

Cet article se voulait une analyse globale du traumatisme spécifique lié à l’infidélité. J’espère qu’il aidera celles et ceux qui traversent cette douloureuse épreuve à mieux l’appréhender pour entamer leur propre processus de reconstruction.